0209 Le Matin D’Après.

Lorsque je me réveille, Jérém dort encore. Allongé sur le dos, le visage tourné vers le bord du lit, de son côté, les épaules et le haut des pecs qui dépassent des draps, mon bobrun est vraiment très beau dans son sommeil. Mon regard est happé par ses cheveux bruns en bataille, sa barbe de quelques jours, sa peau mate. Mon cœur est vrillé par ce diabolique mélange de violente sexytude et de profonde douceur qui se dégage de sa présence à cet instant précis.
J’ai tellement envie de lui, j’ai envie de le réveiller avec une gâterie, j’ai envie de lui faire débuter cette nouvelle journée par un bel orgasme. Et pourtant, lorsque je le regarde, si profondément endormi, beau comme un ange, je n’ai pas le cœur de le réveiller, même pas pour une pipe.
C’est dimanche matin, c’est mon deuxième réveil à côté de Jérém, et c’est toujours aussi merveilleux. C’est dimanche matin, et c’est aussi le jour d’après, après que Jérém se soit mis à nu devant moi, sur tant de sujets complètement tabous jusque-là. Le matin d’après, comme un écho d’une très belle chanson :

https://www.youtube.com/watch?v=_KClpLzFftU

Je voudrais que ce week-end dure pour toujours. Je crois bien que je voudrais me réveiller chaque jour de ma vie à côté de mon Jérém.
C’est tout juste 7h00, mais j’ai envie de bouger. J’ai bien dormi, je suis bien réveillé, j’ai envie de gambader. Je me lève, je m’habille, je remets les deux derniers morceaux de bois dans les braises encore fumantes de la cheminée. Il y a quelque chose d’ancestral et de rassurant dans ce geste ; le contact avec le bois est agréable, la flamme et la chaleur qu’on obtient avec ce simple procédé est douce et apaisante.
C’est dimanche matin, il fait beau, et Jérém dort toujours comme un bébé. Je le laisse se reposer, je commence ma journée avant lui. Je sors de la petite maison pour aller chercher du bois. L’air matinal est frisquet, et l’ambiance de la montagne possède une saveur particulière.


La lumière, les couleurs, les odeurs, la pureté des éléments, leur beauté simple et immuable, leur solitude et leur solidité face à une nature souvent inclémente, forcent le respect et la fascination. La montagne et ses grands espaces, des paysages captivant le regard et remuant l’esprit, la montagne et ses points de vue perchés, tout est comme une invitation à regarder loin, à prendre de la hauteur, à relativiser l’existence toute entière.
La montagne, c’est souvent loin de tout et loin de tous et pourtant, on ne se sent pas seuls à la montagne, car elle nous montre la voie et elle nous offre le silence nécessaire, pour nous retrouver nous-mêmes.
C’est la première fois que je fais le tour complet de la petite maison en pierre. Par endroits, ses murs en pierre sont tachés par l’humidité, les ardoises du toit attaquées par les moisissures : le temps n’a pas fait de cadeaux à cette petite bâtisse, à ce foyer qui a dû connaître tant de vies, d’histoires, de bonheurs et, certainement, d’adversités. Mais la petite maison, comme une vieille dame à la peau ridée, semble se dresser fièrement contre la tyrannie du temps : les années passent, chaque jour dépose un stigmate supplémentaire ; et pourtant, ses murs sont toujours debout, ses ardoises ne laissent pas passer la pluie, sa cheminée fume toujours ; et son cœur, son foyer, est assez solide pour abriter une fois encore, le bonheur. Oui, cette petite maison est vraiment mignonne ; modeste, mais mignonne, un véritable refuge pour le bonheur. L’écrin de mon bonheur avec Jérém.
Je repense aux petits mots échangés la nuit dernière, sur l’oreiller, avant de nous endormir ; je repense à cette complicité qui est en train de s’installer entre nous, à cette envie de tout nous dire, comme pour partir sur de nouvelles bonnes bases ; je suis heureux de savoir enfin comment mon bobrun a vécu notre relation jusque-là, de connaître ses doutes, ses peurs, ses envies, des ressentis longtemps fantasmés. Je suis content qu’on se dise les choses, je crois que c’est la meilleure chose à faire pour qu’il n’y ait plus de malentendu entre nous.

Un lit, le sexe, l’amour, la tendresse, les petits mots sur l’oreiller et aussi les simples gestes du « quotidien », un repas, une douche, des courses : ce week-end, mon Jérém et moi nous partageons tout, vraiment tout, comme jamais je n’aurais cru pouvoir le faire un jour avec lui.
Depuis deux jours, Jérém m’a beaucoup parlé de lui : je pense que le moment est venu de lui parler de moi. Je pense que Jérém lui aussi a des questions à me poser. Je n’ai rien à lui cacher, je répondrai à toutes ses questions.
Soudain, je réalise que c’est le jour J, et qu’une balade à cheval avec mon Jérém et ses potes – autant d’inconnus pour moi – se profile. Pour la première fois, je vais partager l’une de ses passions, l’équitation, et cela m’enchante ; pour la première fois, je vais avoir la chance de passer une journée, de discuter, de partager des expériences avec des personnes qui comptent pour mon bobrun ; et cela me ravit.
Mais ce qui me ravit le plus, c’est qu’au fil des échanges et des conversations, je vais peut-être en apprendre un peu plus sur mon bobrun ; comme au temps du lycée, lorsque je tendais en permanence mon oreille pour capter la moindre bribe d’info sur lui.
Je suis heureux qu’il ait envie de partager cela avec moi, qu’il ait envie de se montrer avec moi ; mais je suis aussi stressé, de peur de ne pas arriver à m’intégrer dans ce petit monde où chacun se connaît et partage une passion commune.
Je me pose aussi beaucoup de questions. Comment vais-je me comporter avec ces inconnus ? Est-ce que les gens vont se douter de quelque chose concernant la relation entre Jérém et moi ? Comment vais-je réagir s’ils commencent à poser des questions ? Jusqu’où Jérém est-il prêt à assumer ma présence à ses côtés ?
Au fond, la proposition de cette balade vient de lui, et il doit savoir ce qu’il fait. Serait-il prêt à assumer le fait que nous sommes ensemble ? Ça me paraît un peu prématuré.
Certes, nous venons de vivre deux jours de magie pure : tout ce que j’ai toujours désiré de mon Jérém m’a été servi sur un plat d’argent.
Mais nous avons vécu ces deux jours presque complètement isolés du monde extérieur, loin des regards qui jugent ; les seuls contacts que nous avons eus en dehors de la petite maison en pierre ont été fugaces, et personne n’a eu l’occasion ou l’idée de me questionner, ou simplement de parler avec moi.
Lorsque je repense à son malaise lorsque ses copines Charlène et Martine avaient parlé de ce couple de gars de l’asso, je me dis que Jérém n’est pas vraiment prêt à tout assumer. Le fait que nous soyons potes, oui ; mais le fait que nous soyons également amants, peut-être pas. Je m’en veux de ne pas avoir creusé le sujet davantage dans la voiture, lorsque j’avais essayé de savoir s’il était au courant pour ce couple de gars de l’asso. J’aurais du lui demander quel regard il portait sur ce couple, sur le fait qu’ils osent s’afficher.
Un cri de rapace retentit entre les pentes, la beauté du paysage évolue sans cesse avec la lumière changeante du matin, une petite rafale de vent froid traverse mes vêtements et me fait frémir : la montagne se charge d’arracher mon esprit de mes pensées et de le canaliser vers la contemplation de la nature indomptée.
Je me sens tellement bien ici. Je pourrais passer des heures à contempler la vue, les sommets déjà enneigés, les pentes recouvertes de végétation, la pierre, le ciel, la petite maison, cette cheminée d’où s’échappe un filet de fumée.
Et pourtant, deux choses m’empêchent de m’y attarder plus longtemps : le froid matinal, qui me fait grelotter, ainsi que l’envie de retrouver mon bobrun. Non, on ne se sent jamais seuls à la montagne : surtout lorsqu’on est en compagnie du gars qu’on aime. Et qu’est-ce que j’aime, ce Jérém ; qu’est-ce que j’aime le gars que mon Jérém devient, au contact de la montagne.
J’att la brouette sous l’appentis et je me dirige vers le tas de bois dans un coin du jardin. Je dégage la bâche qui recouvre un tas de bûches rangé de façon plutôt méthodique. C’est la première fois que le citadin que je suis va chercher du bois pour faire du feu.
Pendant que je remplis la brouette de bois, je me sens utile. Je trouve le moyen de me planter une écharde dans un doigt, ça fait un peu mal mais c’est supportable. Je gare la brouette à côté de la porte d’entrée, j’att quelques bûches dans mes bras et je rentre.
Il fait tellement bon dedans. Le bogoss dort toujours, sa respiration apaisée diffuse dans la petite pièce une douce note de bonheur. Son torse, le galbe de ses épaules, les pecs saillants avec du beau poil brun, les abdos en tablettes de chocolat, dépassent désormais des draps jusqu’au nombril ; ses bras sont repliés, les mains coincées entre la tête et l’oreiller : et cette position qui met en tension tout un tas de muscles, rend encore plus impressionnant le V de son torse, ses biceps et ses tatouages, tout en exposant à ma vue ses aisselles finement poilues. Les yeux fermés, les traits détendus, l’air apaisé ; et la beauté virile de son visage se double d’une expression d’ange adorable. Un ange viril, c’est beau à se damner.
En posant les bûches à côté de la cheminée, je fais un peu de bruit. Le bogoss remue dans les draps.
« T’es déjà levé ? » il me lance, la voix pâteuse, en frottant le visage de ses deux mains à plusieurs reprises.
« Bonjour Jérém… » je lui réponds, tout en m’approchant du lit et en posant un bisou sur ses lèvres.
« Bonjour… » fait-il, la voix monocorde, sans pour autant ouvrir les yeux.
« Je suis allé chercher du bois… ».
« Ah… C’est bien… Il est quelle heure ? » fait-il, les yeux tout juste entrouverts.
« Un peu plus de 7h30… ».
« C’est tôt… » il s’exclame, tout en refermant les yeux et en laissant tomber lourdement ses bras le long de son torse.
« C’est pas si tôt… ».
« C’est une heure qui ne devrait même pas exister… ».
Une seconde plus tard, mon bobrun est reparti dans les bras de Morphée. Mon regard est happé par ses abdos qui ondulent lentement sous l’effet de sa respiration calme.
Ce corps de petit Dieu offert à ma vue, ainsi que ce drap qui s’arrête juste à la lisière du bonheur, de sa jeune virilité, voilà de quoi réveiller violemment ma gourmandise matinale.
Une envie violente s’empare de moi, je bande à vitesse grand V. J’ai envie de voir sa queue, de la toucher, de la prendre dans la bouche, de la faire jouir. C’est le matin, et j’ai besoin d’avaler une boisson chaude pour bien me réveiller.
Je fixe le drap juste en dessous de son nombril et je me demande ce que je kifferais davantage : qu’elle soit déjà raide, qu’elle tende le drap de façon insolente, et qu'elle me nargue d'aller m'occuper de cette trique du matin qu'un p’tit mec comme Jérém ne doit pas manquer d'avoir ; ou bien, au contraire, qu'elle soit comme elle est là, ce matin, encore au repos.
Car cela m’offre la possibilité d’aller passer délicatement le nez sur le drap, d’apprécier les formes et la chaleur de sa virilité à travers le tissu, de chercher à capter ses odeurs de p’tit mec, tout en réveillant la bête en douceur ; puis, la sentir frémir peu à peu, voir ses abdos se soulever plus rapidement, le drap bouger sous la force de sa virilité qui se tend.
« Tu fais quoi ? ».
« J’ai envie de te sucer… ».
« Ah… ça c’est une bonne idée… ».
Sa queue tendue, son invitation, tout ça est on ne peut plus tentant. Je me glisse sous les draps et j’approche cette queue qui a giclé en moi, qui m’a rempli et fait jouir je ne sais combien de fois depuis deux jours. Je ne peux m’empêcher de promener de nouveau le bout de mon nez tout près de ce bâton radioactif, de descendre jusqu'à sa base, de m’attarder dans le creux de ses bourses.
Ce n’est que lorsque sa main se pose sur ma nuque, lorsque ses doigts se glissent doucement dans mes cheveux, à la fois caresse et invitation à la pipe, que je craque : je laisse trainer furtivement ma langue sur ses couilles, arrachant ainsi un premier frisson au bobrun.
Mais très vite, poussé par l’urgence d’un désir que je peux plus contrôler, j’enserre son manche entre mes lèvres et je l’avale lentement, je le laisse glisser jusqu'à la garde, lui arrachant un long soupir de plaisir, celui du mâle prenant possession de son territoire, ma bouche.
Mais déjà un instant plus tard, j’envoie le bout de ma langue titiller son gland frémissant ; et là, je constate avec bonheur qu’un liquide clair et un peu salé perle de son frein, délicieuse liqueur témoignant du début de son excitation. Le petit mâle cherche à forcer mes lèvres à avaler à nouveau sa queue impatiente. J’ai terriblement envie de lui faire plaisir ; et pourtant, je choisis de faire durer la privation.
Du moins jusqu’à ce que le bobrun ne se décide – puisque je l’y ai sciemment poussé – à prendre les choses en main, au sens figuré, comme au sens propre.
Le geste est ferme et sans appel : ses deux mains se saisissent de ma tête, tandis que sa queue force la barrière de mes lèvres et s’enfonce jusqu'au fond de ma gorge. Je l’entends alors lâcher un nouveau, profond soupir marquant son bonheur sensuel.
« Vas-y, suce… suce bien… » il lâche dans la foulée, dans un murmure autoritaire, alors que ses mains et son bassin imposent le rythme de son plaisir de mec.
Pendant un bon petit moment, je me laisse emplir la bouche par son manche puissant, mes lèvres acceptent les va-et-vient qui font le bonheur de cette colonne insolente. C’est tellement bon de me laisser faire, de me laisser guider, de me laisser porter ; et pourtant, j’ai envie de le surprendre.
Alors, je repousse doucement ses mains, et c’est moi qui imprime désormais le mouvement de va-et-vient ; je le pompe avec une vigueur décuplée, jusqu’à le convaincre par la démonstration que l’effort ne lui apportera pas plus de plaisir que mon dévouement, jusqu’à ce qu’il cesse ses mouvements. Le bogoss accepte de se laisser faire, et son corps tout entier semble témoigner du plaisir qui est en train de l’envahir : ses jambes gigotent de façon incontrôlée, ses mains passent et repassent sur son visage, ses abdos se tendent, ses pecs, tout comme ses biceps, se gonflent, ses respirations profondes et ses soupirs deviennent des gémissements de plaisir.
Je connais mon bobrun, je sais qu’il ne va pas tarder à jouir. Je ne m’y trompe pas. Quelques instants encore, et tout son corps se raidit dans un dernier spasme, ses abdos se contractent ; je l’entends gémir de plus en plus fort, je l’entends répéter des « putain, vas-y, c'est bon ! » ; ses doigts s’enfoncent à nouveau dans mes cheveux, alors que l'onde du plaisir ultime approche.
« Je vais jouir et tu vas tout avaler… ».
Non, ce matin, alors qu'il me remplit la bouche de longs jets brûlants, synchronisés avec des « oh putain, oh putaaain ! » incontrôlés, à aucun moment Jérém ne prononce sa désormais célébré phrase de petit con : et pourtant, alors que je lève les yeux pour assister au sublime spectacle de sa petite gueule déformée par le plaisir, elle résonne dans ma tête et décuple mon excitation et mon envie de faire ce que je sais mon bobrun apprécie tout particulièrement : avaler. Et qu’est-ce qu’il est délicieux, ce bon petit jus du matin !
Ses giclées viennent tout juste de cesser, mes lèvres et ma langue n’ont pas encore pu se résoudre à quitter son gland, lorsque je l’entends lâcher :
« Ça c’est du réveil ! ».
Qu’est-ce que j’ai aimé réveiller mon Jérém en lui offrant un bel orgasme ! Et qu’est-ce que j’aime l’entendre exprimer à quel point il a aimé !
Lorsque je me relève, je me rends compte d’une chose à laquelle je n’avais pas vraiment prêté attention dans ma précipitation et mon impatience à lui apporter son orgasme, c’est que mon bobrun se trouve désormais en position assise, le dos calé contre l’oreiller, la nuque appuyée contre le mur.
Ses bras sont pliés, ses mains derrière les dos, son torse est légèrement penché vers la droite, tout comme la tête, les abdos ondulant sous l’effet d’une respiration qui se calme peu à peu, la queue toujours raide et luisante de ma salive. Ses cheveux bruns sont en bataille, il ne semble pas complétement réveillé, ou bien assommé par l’orgasme, et il a un petit sourire bien canaille en coin : ah, putain, si ça ce n’est pas de l'attitude de p’tit con fier de lui, fier de sa queue, fier de sa virilité, je ne m'y connais pas ! J’adore lui voir cette attitude, celle du mâle qui a bien joui, l’attitude du mâle fier de m’avoir giclé dans la bouche.
Et pourtant, le mâle fier de lui, n’est pas pour autant sans attentions à mon égard.
« Viens… » il me lance, tout en m’attirant vers lui.
Je me retrouve ainsi enlacé par ses bras puissants, par ses cuisses musclées, par son torse de fou. Jérém est mon fauteuil de chair et de muscles, le plus douillet et sensuel que l’on puisse imaginer. Et alors que ses lèvres se baladent inlassablement dans mon cou et sur mes épaules, sa main gauche saisit ma queue et commence à la branler ; quant à sa main droite, elle agace inlassablement mes tétons.
Son corps m’enveloppe, le parfum de sa peau et de son orgasme m’enivre, la chaleur de sa peau m’excite, sa présence, son attitude, ses gestes me projettent dans un monde de sensualité et de plaisir inouïs. Très vite, l’orgasme me guette.
Mon Jérém mordille mes oreilles, ses va-et-vient sur ma queue se font de plus en plus rapides. L’orgasme vient, et c’est géant, juste indescriptible. Je me cale dans les bras de mon bobrun pour récupérer.
« C’était trop bon… mais vraiment, vraiment un truc de dingue… » j’ai envie de lui annoncer.
« Avec toi, c’est toujours un truc de dingue… ».
Je me lève avant lui, et je fais du café. Jérém se glisse à nouveau sous les draps, qu’il remonte jusqu’à la taille, laissant dépasser son torse spectaculaire. Pendant que je m’affaire à préparer le petit déj, je surprends son regard sur moi : le petit con me regarde faire, un petit sourire au coin des lèvres.
« Je te prépare le petit déj… ».
« C’est adorable… » fait-il, tout en dégainant un sourire de malade « merci d’être allé chercher du bois… ».
« C’est normal… pourquoi tu rigoles ? ».
« Parce que je suis heureux… que tu sois là… ».
Son regard sincère et ému me remue les tripes, je sens les larmes me monter aux yeux.
« Moi aussi je suis heureux d’être là… aie… ».
En serrant les deux parties de la cafetière italienne, je viens d’appuyer pile sur le doigt où l’écharde s’est enfoncée tout à l’heure.
« Qu’est-ce qu’il y a ? ».
« Je me suis planté une écharde… ».
« Fais voir, viens… ».
Je pose la cafetière sur la plaque en fonte de la cheminée et je m’approche du lit, je m’approche du bomâle assis, toujours torse nu, le drap remonté jusqu’à la taille, sexy comme pas permis. Jérém me fait asseoir à côté de lui ; il att son pantalon et il en sort un couteau pliant ; il saisit mon doigt, enfonce la pointe très aiguisée du couteau dans ma chair blessée, ce qui me fait frémir, et déclenche mon instinct de retirer ma main.
« Allez, ne fais pas ta chochotte… » fait-il, en retenant fermement ma main « laisse-moi bosser… ».
« Mais ça fait mal ! ».
« Tais-toi… » fait-il, tout en enfonçant à nouveau la pointe acérée du couteau dans les couches superficielles de mon épiderme.
« Aie… ».
« Ta gueule… ».
« Mais j’ai mal ! ».
« Une petite seconde et c’est fini… ».
« Aie… aie… aie… ».
« Tu vas prendre une baffe, ça va te calmer… sale gosse ! » il rigole.
« Tu vas arriver à l’enlever ? » je m’inquiète, alors que ses manœuvres m’envoient de violentes impulsions de douleur qui résonnent dans tout mon corps jusqu’à ma colonne vertébrale.
« Voilà ! » fait-il, le ton triomphant, me tendant la lame du couteau, sur laquelle une toute petite écharde est déposée.
« Merci… » je lâche, en reprenant enfin mon souffle, tout aussi content qu’il ait enlevé l’écharde que du fait qu’il ait arrêté de me « brutaliser ».
Pour toute réponse, le bogoss attire délicatement mon doigt vers sa bouche, et il aspire la petite goutte de sang qui vient de perler.
Je ne peux résister à l’irrépressible tentation de le serrer dans mes bras, de le couvrir de bisous, de l’embrasser sur la bouche. Ses mains, ses doigts qui tout à l’heure s’enfonçaient dans mes cheveux avec la virulence et l’urgence de la quête du plaisir, me caressent à présent avec une douceur rassurante et émouvante. Ses bras m’enserrent très fort contre lui, et je voudrais ne jamais être ailleurs que dans cette étreinte.
Je crois que ce contraste entre le Jérém bête de sexe au lit et le Jérém petit mec adorable et câlin va finir par me rendre vraiment dingue, et ajouter encore de la puissance à cette connexion des corps et des esprits qui me rend fou amoureux de lui. Définitivement, ce mec je l’ai dans la peau, pour toujours.
La cafetière vient de commencer à gargouiller, et cela m’oblige à quitter cette étreinte magique. Je me lève pour surveiller la montée de la boisson chaude qui réveille ; j’en profite pour aller chercher le pain et la confiture.
Jérém se lève à son tour, il passe un boxer, un t-shirt et vient s’asseoir à table.
« Le petit déj est servi… » il commente.
« C’était mon tour… » je lui réponds, tout en lui servant une tasse de café fumant et en posant un bisou dans son cou.
« Merci Nico… ».
« De rien, ça me fait plaisir… ».
Les petits déjeuners ce sont définitivement l’un des moments que je préfère : quoi de meilleur que de se laisser réveiller par l’arôme corsé du café, de se laisser câliner par le goût fruité de la confiture, par la volupté du beurre, de se laisser revigorer par la consistance du pain, de me laisser envahir par le bonheur d’être avec lui. Prendre le temps de se réveiller, alors que rien ne presse, c’est le bonheur. Un bon petit déj est le préalable d’une bonne journée. Et ce qui rend le tout parfait, c’est assurément la présence du gars que j’aime.
« Alors, t’es prêt pour ton baptême à cheval ? ».
« A vrai dire… je suis un peu angoissé… ».
« T’as peur de quoi ? ».
« D’être ridicule… de tomber… ».
« Avec Tequila, tu ne risques rien, je t’assure… ».
« Si tu le dis… ».
« Ecoute, on va faire un truc… on laisse partir les autres et nous deux on part un quart d’heure après… rien que tous les deux… comme ça j’aurais le temps de te montrer deux ou trois trucs… ».
« Mais tu voulais faire la balade avec tes potes… ».
« On les rejoindra à midi… mais on fera le début de la balade rien que tous les deux, au pas… ».
« Au pas » : voilà deux mots, comme une formule magique qui a le pouvoir de m’apaiser sur le champ.
Car le cavalier débutant que je suis a grand besoin d’être rassuré, et il n’aspire pas à mieux que « le pas » pour le moment !
« On mange où à midi ? ».
« Au bord de la rivière… ».
« Et on mange quoi ? ».
« Un déjeuner tiré de nos sacoches… enfin, des sacoches des chevaux… on va faire quelques courses avant d’aller chez Charlène… ».
Quelques minutes plus tard, nous prenons une douche ensemble, nous nous savonnons, nous nous massons l’un l’autre ; nous nous sourions, nous nous embrassons, nous nous caressons, nous nous enserrons l’un contre l’autre, sous l’eau ; puis, nous nous brossons les dents, en même temps, devant le miroir. Depuis que nous les accomplissons ensemble, ces petits gestes du quotidien prennent une dimension presque magique.
Jérém passe un pantalon d’équitation beige qui moule divinement son paquet de jeune mâle.
« Tiens… essaie ça… » fait-il en me tendant un deuxième pantalon d’équitation noir.
Je m’exécute, en savourant l’enivrante sensation de me glisser dans un vêtement de mon chéri. Le simple fait de passer l’un de ses vêtements, un vêtement qui me serre au plus près du corps, qui frôle ma peau comme une caresse, me donne d’intenses frissons. Je ne peux m’empêcher de repenser à sa chemise (qu’il m’a donnée un jour parce que mon t-shirt était taché de son sperme), à son t-shirt et à son boxer (que j’ai piqués un jour dans sa corbeille à linge) et qui sont toujours chez moi.
« Il te va ? » il me demande.
« Très bien… merci… ».
« De toute façon, je n’en ai pas d’autres… par contre, je n’ai pas de boots… » fait-il, tout en chaussant les siens « mais je pense que Charlène va pouvoir t’en prêter… ».
Sacré pantalon d’équitation : le tissu élastique épouse diaboliquement ses fesses rebondies et ses cuisses musclées, alors que la taille, bien basse, laisse dépasser un bout de pli de l’aine, et dévoile tout le développement du chemin de petits poils en dessous de son nombril, jusqu’à la lisière des poils pubiens. Et puis, il y a ce torse nu, sculpté, tatoué, fraichement douché, qui s’affiche de façon à la fois tellement naturelle et terriblement insolente au-dessus de ce pantalon : voilà une tenue à me rendre dingue.
Et lorsque le bogoss, désormais positionné de dos par rapport à moi, se laisse aller à ce geste, le plus naturel du monde, de s’étirer – il lève et plie les bras, il met en tension les muscles de son dos, ce qui a pour conséquence immédiate de faire gonfler le haut de son torse et ses biceps de façon très spectaculaire – je ne peux m’empêcher de m’approcher de lui, de passer mes bras autour de sa taille, de le serrer très fort contre moi, de couvrir son cou et ses épaules de bisous à la fois doux et sensuels.
Je suis moi aussi torse nu, et le contact avec sa peau tiède, fraîchement douchée et parfumée, me fait bander sur le champ. J’ai encore envie de lui. Comme dans un état second, je laisse mes mains glisser lentement sur ses abdos, les bouts de mes doigts se faufiler à l’intérieur de son pantalon d’équitation. Mon index effleure le bout de son gland.
« Euh… tu fais quoi, là ? » il lâche, la voix marquée par un frisson d’excitation.
« J’ai encore envie de toi… ».
« On n’a pas le temps… on doit y aller… ».
« Je sais… mais tu me fais trop envie… ».
Le bogoss se retourne, il pose ses mains de part et d’autre de mon visage, il m’embrasse fougueusement et il me chuchote :
« Moi aussi j’ai envie de toi… on se rattra plus tard, ok ? Tu ne perds rien pour attendre… ».
« Hummmm… ça promet… ».
Un petit sourire lubrique, accompagné d’un clin d’œil plein de malice est son dernier « mot ».
Jérém complète sa tenue par un t-shirt sans manches gris du meilleur effet. Certes, le fait de cacher une telle perfection masculine sous un bout de tissu pourrait être considéré comme un délit ; un délit qui peut cependant se prévaloir des circonstances atténuantes, comme par exemple la façon dont il laisse dépasser le rebondi de l’épaule et du biceps, ou la façon dont il met en valeur la plastique qu’il est censé dissimuler, en aimantant le regard, en enflammant les désirs. Ah, putain qu’est-ce qu’il est sexy dans cette tenue, mon bobrun !
Le pull à capuche gris de nos retrouvailles vient couvrir ses bras et ses épaules, mais en aucun cas sa sexytude. J’espère qu’il va faire assez chaud, et assez rapidement, pour lui donner envie de quitter au moins cette deuxième couche.
Jérém passe à la salle de bain pour s’arranger un peu les cheveux au gel ; lorsqu’il revient, il passe de grandes lunettes de soleil.
Avant de partir, le bobrun coupe un certain nombre de tranches de jambon, et une bonne portion de fromage de son pote.
« Tout ça pour nous ? » je m’étonne.
« Non, tout ça pour partager avec les autres… chacun amène un truc et on fait goûter… ».
« L’idée me plaît… ».
Une minute plus tard, nous sommes dans la 205 rouge et nous roulons en direction du village. Sur la route vers la pension pour chevaux de Charlène, nous faisons escale à la superette de Campan.
Le village est presque désert ; une voiture passe dans la rue principale, à allure réduite, c’est un papi au volant ; deux passants se croisent sur la place devant la halle où Jérém m’a embrassé pour la première fois ; ils se disent bonjour, ils prennent le temps de discuter.
Ce qui me frappe le plus, dans ce petit village, par rapport à la ville, c’est la presque absence de voitures, le silence, la sensation d’apaisement ; cette lenteur, cette absence de stress, un rythme de vie qui est particulièrement reposant.
Dès que nous passons la porte de la superette, Martine, toujours d’humeur égale, toujours joyeuse, nous accueille avec un grand sourire, et avec des bises bien claquantes.
« Ça va les garçons ? Prêts pour la balade ? » fait elle, avec sa voix un peu grave, et très sonore.
« Moi je suis prêt… c’est Nico qui a la trouille… ».
« J’ai pas la trouille… enfin… si… ».
« Mais c’est normal que tu aies la trouille… t’inquiète, ça va vite passer… tu vas voir comment c’est génial de se balader à cheval… » elle tente de me rassurer. Puis, en s’adressant à Jérém : « Mais t’es sûr que c’est une bonne idée de le faire monter direct avec tout le monde ? ».
« Ce matin on va vous laisser partir et on se fait la balade rien que tous les deux, je vais lui donner des cours particuliers… ».
« Ça c’est une bonne idée… ».
« Au fait, tu viens à la balade, hein ? ».
« Oui, c’est bon, j’ai trouvé quelqu’un pour me remplacer… je serai chez Charlène dans une demi-heure… ».
« Allez, on va y aller… on prend deux trucs et on file… ».
« Ça marche, les gars… ».
Du pain, des fruits, des boissons, pour compléter nos repas « tirés de nos sacoches ».
Nous passons en caisse et Martine nous offre deux croissants. Cette nana a l’air vraiment adorable. Nous quittons la superette alors que la radio diffuse « La dame de Haute-Savoie » :
« Y’a des étoiles qui courent dans la neige autour de son chalet de bois/Y’a des guirlandes qui pendent du toit, et la nuit descend sur les sapins blanc, juste quand elle frappe des doigts, juste quand elle frappe des doigts… ».
Pendant le court trajet vers le centre équestre, je trouve le moyen de questionner Jérém au sujet de l’attitude à tenir vis-à-vis de tous ces inconnus que je vais rencontrer incessamment sous peu.
« Je voulais te demander un truc… ».
« C’est quoi ? ».
« Comment je dois me comporter avec tes potes ? ».
« Surtout, ne prends rien au premier degré, ce sont de gros déconneurs… ».
« Je veux dire… vis-à-vis de nous… j’imagine que personne n’est au courant… pour nous, je veux dire… ».
« Non, personne… ».
« Tu crois pas qu’ils vont se douter de quelque chose ? ».
« Je ne crois pas… ».
« Et si jamais ils posent des questions ? ».
« Des questions, ils vont t’en poser… surtout qu’il y a un max de nanas à l’asso… et pas du genre gênées pour un sou… t’as qu’à dire la vérité, qu’on était camarades de lycée, que tu m’as aidé pour le bac, et voilà pourquoi tu es là… ».
« Ça me va… ».
Oui, ça me va, faute de mieux. C’est un alibi plausible, et c’est la « vérité », du moins une partie de la « vérité ». Je sais que Jérém a fait des progrès énormes en très peu de temps, et que notre relation a changé du tout au tout, et ce ne serait pas correct de lui demander plus que ce qu’il est prêt à m’offrir.
Et pourtant, je ne peux m’empêcher de ressentir une sorte de pincement, de frustration, une pointe de tristesse, car je réalise que si mon bobrun est enfin prêt à assumer notre histoire en tête à tête, il n’est toujours pas prêt à l’assumer au grand jour.
Tant pis, ce sera notre secret, et ce sera un secret du genre plutôt excitant.

Merci à tous les tipeurs, aux mécènes hors Tipeee, à tous les lecteurs, à ceux qui ne ratent pas un épisode de Jérém&Nico, à ceux qui me réclament la suite, à ceux qui laissent des commentaires, à ceux qui prennent le temps de regarder des vidéos pour me faire gagner quelques euros sans débourser un centime sur www.tipeee.com/jerem-nico-s1.

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